Échéances électorales 2010/2011 : Le retour de la « congolité » ?

En
effet, le fait qu’une question reçoive une multitude de réponses qui sont
fausses ou mauvaises, ne signifie pas, en soi, que la question elle-même soit
fausse ou erronée ou, même, posée avec de mauvaises intentions. Une mauvaise
solution ne signifie pas que l’on a posé un faux problème. Si l’on posait, vers
1950, la question de l’existence, parmi les Belges, d’une identité flamande et
d’une identité wallonne, l’on récoltait au mieux un haussement d’épaules, au
pire une accusation d’incivisme. Et pourtant…

Il
me paraît que, lorsque l’on prétend commenter leur vie politique, le minimum de
politesse que l’on doit aux Congolais est de ne pas écarter comme inexistante
une question qui les préoccupe.

 

Les
débats qui entourent toutes les élections congolaises, disions-nous donc,  ont une étrange tendance à se concentrer sur
une seule question : celle de la « congolité ».

Bien
sûr, si la démocratie est le gouvernement pour le peuple et par le peuple, ou
du moins par délégation reçue du peuple, il est légitime que ce peuple désire
avoir pour élus, représentants et délégués des gens en qui il peut se
reconnaître, qui soient suffisamment proches de lui pour qu’il suppose qu’ils
partagent ses désirs, ses espoirs et ses aspirations. Il est donc logique qu’il
cherche cette sorte de convergence, par exemple dans la proximité du sang. Il y
a une certaine logique, même dans le tribalisme : « A qui me
fierais-je, sinon à mon frère ? »

Oui,
mais !

Ne
dit-on pas aussi : « On n’est jamais aussi bien trahi que par les
siens » ou « On choisit ses amis. Ses frères, on les subit ».
Les haines et disputes de famille ne sont-elles pas l’exemple même de ces rancœurs recuites qui
peuvent durer indéfiniment ? On se brouille à mort et à jamais, à propos
de deux vases et d’une pendule, à l’occasion du décès d’un parent, dont il faut
partager les dépouilles…

A
propos de dépouilles, il est tout de même singulier d’entendre tellement parler
de la généalogie des candidats, de la « nationalité douteuse » de tel
de leurs ascendants, bientôt sans doute du tempérament léger de leur grand-mère
vraiment trop hospitalière… Pour
finir, à éplucher la généalogie de chacun avec la subtilité d’une assemblée de
rabbins commentant la Torah,
on en perd de vue des détails mineurs, tel que de remarquer que bon nombre
d’entre eux sont de grasses sangsues attachées aux plus riches veines (des
veines de minerais !) du Congo, ou la question de savoir s’ils ont un
projet de société, de développement, pour leur pays.

Bon !
Il et question d’élections. Cela ne grandit pas les gens qui s’occupent de
politique, mais enfin, il faut le reconnaître : à l’approche d’une élection,
on se montre rarement regardant quant aux affirmations, bruits ou ragots dont
on pourrait se servir contre ses adversaires. La tendance dominante est plutôt
à faire flèche de tout bois, et cela est fort loin d’être particulier au Congo.

 

Dès
que l’on examine de plus près ce fagot de bois dont on peut faire des flèches,
on s’aperçoit que la « congolité » est un nom sous lequel on regroupe
plusieurs ordre différents de questions, à savoir :

1. le « flou artistique »
qui entoure la personne de Joseph Kabila ;

2. un certain décalque de
« l’ivoirité », qui n’est pas sans ressemblance avec des faits
congolais, encore que ceux-ci ne soient pas en général classés sous le nom de
« congolité » ;

3. les problèmes découlant de la
double nationalité de certains Congolais de la diaspora ;

4. des questions qui découlent de la
non-assimilation des populations d’origine rwandaise.

 

Qui êtes-vous, Monsieur le
Président ?

 

La
« congolité
» au premier sens du terme était, il faut bien le dire, basée sur un canevas un
peu simpliste. Il s’agissait alors des faux Congolais qui n’étaient pas des
vrais Congolais vraiment du Congo… Le regard sourcilleux des fins limiers en
« congolité » se braquait alors avec une acuité particulière sur la
frontière Est. Le faux Congolais qui aurait voulu (mais en vain, le traître, car on le guettait
et on l’avait vu !) passer pour un Congolais, vraiment vrai Congolais du
Congo était de préférence Rwandais. Il a quelque chose de Tutsi dans la narine,
ou d’interlacustre dans le tibia. Ce « faux congolais » là se
reconnaissait surtout à ce qu’il avait d’inconnaissable. Le flou de sa
biographie, le brouillard qui planait sur certains épisodes de son CV le
désignaient à l’attention. Il était rarement le fils de son père et, au fond,
quant à sa mère même, on n’était pas trop sûr. Peut-être que ça vous fait
penser à… Chut ! Je n’ai cité personne, mais suivez mon regard…

Ce
flou, principe indispensable à l’action, était d’ailleurs un élément si
important que sans lui, un Congolais totalement ou partiellement faux passait
avec aisance pour un Congolais vraiment Congolais du Congo. Quelques litres de
sang portugais, une ascendance belgo-polonaise remuée de burundais, mais connus
de tous, n’empêchaient pas d’être un Congolais vraiment Congolais du Congo. Le
flou, tout était là !

Pour
vous dire mon avis sans ambages, j’avais alors l’impression nette que quelqu’un
était visé… (Vous suivez toujours mon
regard ? Bon !)

 

Le
« flou artistique » qui entoure la biographie de JK POURRAIT
s’expliquer par les nécessités de la clandestinité où vivaient les siens
jusqu’en 1996. Il POURRAIT aussi être signe de « choses à cacher »…
Allez savoir ! Il devait en tous cas s’attendre à ce qu’on s’en serve
contre lui.

Mais
pourquoi, de toutes les branches qui traînent, ne ramasse-t-on que celle-là
pour en faire une flèche ?

Evidemment,
les services de propagande de JK répondront, la main sur le cœur, que si l’on
colporte de tels bruits, c’est parce que si l’on ne recourait pas à ces ragots,
on serait bien en mal de critiquer leur candidat. Que dire de son physique. Il
est joli garçon, bien propre et bien coiffé. Il a de la tenue et ses cravates
sont d’un goût parfait. De sa vie privée ? Elle est, somme toute,
présentable. De ses capacités ? C’est un aigle ! De son bilan ? Il
est parfait ! Et voilà pourquoi des adversaires de mauvaise foi usent de
manœuvres basses et dégoûtantes…

 

Ouais !
Est-ce bien tout ? N’y aurait-il pas autre chose ?

 

La
politique a ceci de commun avec le judo : elle comporte l’art de savoir
tomber. Observez, par exemple, les gouvernements belges. Ils tombent, de
préférence, sur des incidents communautaires. Quand bien même le désaccord qui
mine la coalition concerne le social, on s’arrange pour « chuter »
sur l’une ou l’autre incongruité dans les Fourons ou les communes à facilité.
Attribuer la chose à un raidissement, au « trop is te veel », c’est
être sûr d’être approuvé par la majorité dans les deux parties du pays !

On
pourrait bien soupçonner quelque chose de ce genre derrière cette obsession de
la « congolité » ! Car enfin, soyons clair, on ne manquera pas
de raisons d’adresser les reproches les plus fondés à tous les candidats quant
à leurs actes durant la dernière
législature, la Transition,
 le cirque de la CNS ou le temps de la
dictature « pure et dure » de Mobutu !Or, ces faits-là (et non la
« congolité » plus ou moins garantie de tel ou tel dirigeant)
resteront dans l’histoire comme leurs grandes fautes, et la contribution à la Grande Misère du Congo de TOUS
les acteurs de ce processus. 

Bref,
on préfère taire ces faits gênants, à la fois parce que tout le monde y a
participé, que personne n’en a demandé la fin et qu’on espère bien continuer
dans la même voie. Tant pis pour le petit peuple ! Il faut être prudent quand même, et ne pas
lancer contre ses adversaires de critiques qui pourraient faire
« boomerang » et vous revenir en pleine figure. Voilà pourquoi il
vaut mieux taire sa politique, s’en prendre à son teint ou à son angle facial
et crier : « Il n’est pas Congolais ! ».

 

Mais,
comme au Congo rien n’est simple, on a encore une fois emboîtées les unes dans
les autres plusieurs questions différentes que l’on a ensuite allègrement
confondues, à savoir :

 Joseph Kabila est-il le fils,
selon la chair, de Laurent Kabila ?

 JK a-t-il légalement droit – quel
que soit son père – à la carte d’identité congolaise qu’il a en poche ?

 Etait-il éligible quand il s’est
présenté aux Présidentielles de 2006 ?

 JK fait-il, au-delà des paperasses
administratives, intimement et viscéralement partie du peuple congolais.

 

La
dernière question est la plus rarement posée, sans doute pour la simple raison
qu’elle est sans répercussion directe et immédiate sur l’éligibilité de Kabila.
C’est pourtant la seule véritablement importante et elle pourrait donner la clé
de beaucoup d’incompréhensions. Car à cette question, la réponse est clairement
et distinctement « Non ». JK
ne fait pas intimement et viscéralement partie du peuple congolais. Tout
simplement parce qu’un homme qui à l’âge le plus tendre a été emmené hors de
son pays, a été entièrement élevé à l’étranger et n’est ensuite revenu qu’à
vingt-cinq ans, ne peut avoir avec un peuple les affinités qui découlent
d’avoir vécu pendant des années dans son sein. Comme dit une chanson, être d’un
pays, c’est avoir « dans le cœur une ville ou un village, où on pourrait
trouver son chemin dans le noir ». Faute de cela, un homme  peut avoir une appartenance administrative à
cette nationalité,  mais il n’a pas cette
proximité où un peuple peut se reconnaître, se sentir suffisamment proche de
lui pour qu’il suppose qu’il partage ses désirs, ses espoirs et ses
aspirations, sentir cette convergence, plus importante encore que la proximité
du sang. En ce sens, JK est tout simplement un apatride.

 

Autre
question : son lien de filiation avec Laurent Désiré Kabila. Et itérative
bizarrerie : on n’a jamais pris en compte le témoignage involontairement
donné par l’un des principaux intéressés : Mzee Kabila lui-même. On voit
arriver dans son sillage un jeune homme qui ne distingue ni par des dons
particuliers, ni par des exploits héroïques. Néanmoins, ce jeune homme se voit
« bombardé » général en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire.
Et ceci alors que l’on se trouvait à la fin d’une campagne militaire et qu’il y
avait sûrement beaucoup d’officiers subalternes qui auraient pu faire valoir
des titres plus sérieux à obtenir cet avancement. Ajoutons qu’une faiblesse
bien connue de Laurent Kabila était son sens trop aigu de la famille. Le
maintien à d’importants postes à responsabilités d’un trublion gaffeur comme
Gaëtan Kakudji ne s’explique pas autrement. L’avancement ultra-rapide et sans
justification de Joseph Kabila montre donc que Laurent Kabila avait pour lui
une générosité et une indulgence qui prouvent en tous cas qu’il l’aimait et
créent à tout le moins une présomption de parenté par le sang.

Certes,
il y a d’inquiétants indices dans l’autre sens, dont certains dus à l’intéressé
lui-même, dont le moindre n’est pas la réticence de Kabila lui-même à parler de
son passé ou à répondre réellement aux questions (on avait suggéré un test ADN,
il a répondu « par la bande » en se mariant, …ce qui amenait la
publication des bans, mentionnant sa généalogie officielle, qui pourrait être
apocryphe). Malheureusement, se adversaires sont au moins aussi incohérents que
lui. Ils ont commencé par critiquer la succession « de père en fils »
(et ils y reviennent à l’occasion). Ils n’ont jamais remis en cause la
« congolité » de Jaynet Kabila, présentée comme sa sœur jumelle. Ils
ont annoncé plusieurs versions divergentes de la « véritable identité » de Kabila, avant de s’arrêter à
celle qui les arrangeait le mieux : « Hippolyte Kanambe,
Rwandais »[1].

En
fait, tout un pan de la question « congolité » n’est rien d’autre
qu’une tentative pour remettre en cause l’éligibilité de Kabila, donc son
élection, la légitimité de son pouvoir, partant, celle du gouvernement… C’est
un véritable « jeu de dominos » qui finirait par entraîner tout
l’édifice des institutions. Cela permet de plus de faire de la lecture de
l’actualité congolaise une sorte de James Bond, avec un agent rwandais infiltré
au plus haut niveau de l’état.

 

Cette
approche des choses avait peut-être un sens avant l’élection présidentielle ou
juste après le scrutin, dans la mesure où l’on pouvait toujours imaginer que
l’un ou l’autre instance chargée de l’enregistrement des candidats, de la
validation des élections, etc… pourrait être sensible aux arguments[2]
mettant en cause l’éligibilité de JK et bloquerait sa candidature ou
invaliderait son élection. Comme cela ne s’est pas produit, on a bien dû se
résigner à l’avoir pour président jusqu’en 2011, quitte à pester contre
« Hyppolite Kanambe » sur l’Internet congolais.

Ce
mandat lui a permis de donner la pleine
mesure de ses faiblesses, de ses incapacités et de ses incompétences. Pourquoi
s’occuper encore de sa congolité, quand le bilan avec lequel il devra se
présenter devant ses électeurs est le chef d’œuvre absolu du nul et du
négatif ? Faire encore du battage autour de « Kanambe, le
Rwandais », c’est poser que, s’il était congolais, il pourrait être
acceptable. Or, ce que les années écoulées ont largement prouvé, c’est que
Joseph Kabila, même s’il prouvait surabondamment qu’il est Congolais, vrai de
vrai Congolais vraiment du Congo, ne doit pas être réélu, même si la place lui
plaît bien !

Si
un étranger, voire un apatride à l’origine floue, amené au pouvoir par les
circonstances, y donnait les preuves de capacités supérieures et d’un
dévouement sincère au pays dont peut-être il n’était pas au départ vraiment
citoyen, on aurait toutes les raisons de la garder. Mieux, on ne poserait même
pas la question superflue de sa nationalité. Mais si par contre, un Congolais
indiscutable se montre incapable d’avoir une autre ligne politique que celle du
« chien crevé au fil de l’eau », il est urgent de s’en débarrasser.

 

Un décalque de
« l’ivoirité » ?

 

Sur
base d’une concordance de dates[3],
les Congolais qui rejettent comme artificiel le thème de la
« congolité » avancent qu’il s’agirait là d’une importation pure et
simple. Ce serait un décalque de la notion d’ivoirité qui a fait de
considérables ravages en Côte d’Ivoire en 2002 et les années suivantes.

Il
faut donc examiner si les situations se ressemblent. La population ivoirienne
se monte à plus de 20 millions d’habitants et est multiethnique.

au nord,
le groupe voltaïque (Gur) ou sénoufo, 13 % de la population ; 

au nord-ouest, le groupe mandé du Nord ou malinke, 12,2 % de la
population ; 

à l’ouest, le groupe mandé du Sud, 7,4 % ; 

au sud-ouest et au centre-ouest, le groupe krou, 9,4 % de la
population ; 

au centre et à l'est, le groupe akan, 31,1 % de la population.

 

Composée
d'une forte proportion de jeunes (en 1998 les jeunes de moins de 15 ans
représentaient 43% de la population totale, contre 4% pour les personnes
âgées), la population ivoirienne est inégalement répartie sur le territoire
national. Les variations s'observent d'une région à l'autre, mais également
entre zones rurales et zones urbaines. Au détriment de la zone du nord, le sud,
l’ouest et l’est sont en effet, en plus des étrangers, fortement peuplés
d’allogènes dont le déplacement est dicté par la recherche de terres arables ou
propices au développement des cultures de rente comme le café et le cacao. Ces
allochtones sont surtout de souche burkinabé, et représentent environ un quart
de la population. De ce fait le groupe Gur est perçu comme menaçant de devenir
le plus important du pays. Le taux de peuplement est également élevé dans les
zones urbanisées, compte tenu de l’exode des populations rurales constituées en
majorité de jeunes en quête d’emploi. La crise déclenchée en septembre 2002 a
pour sa part accéléré le clivage entre les zones nord et sud.

La RDC
a, pour une population plus que triple,
un peu plus de groupes ethniques, mais sa complexité linguistique et cultuelle est moindre :
les bantous sont nettement majoritaires, et les quatre langues dites
« nationales » appartiennent toutes à cette famille. On pourrait donc
dire, d’une certaine façon, qu’il y a plus de groupes ethniques au Congo, mais
qu’ils sont moins distants les uns des autres que ceux de Côte d’Ivoire. Mais
il ya somme toutes assez de points communs pour que la comparaison ne soit pas absurde.

L’immigration
en CI des « étrangers à l’ivoirité discutable », c’est à dire
fondamentalement des peuples du groupe Gur, est ancienne, même si elle n’a
cessé de se poursuivre, du régime français à nos jours. Son origine lointaine
est à chercher dans la mise en valeur par le colonisateur des territoires de
l’AOF, époque à laquelle fut décidée la
spécialisation de la CI
dans la production de cacao. Il fallait de la main d’œuvre. On la fit venir. Et
il en alla de même ensuite de l’expansion connue en son temps sous le nom de
« miracle ivoirien ». Les « immigrés » sont donc là depuis
longtemps, sont souvent unis par le mariage à des originaires[4]
et ceux qui sont arrivés plus récemment ont fréquemment rejoint leur parentèle
établie depuis belle lurette en CI. Bien entendu, au fil des générations, ils
ne sont pas restés confinés dans les tâches de manœuvres qui étaient les leurs
à l’origine. Certains sont devenus enseignants, commerçants, cadres…

Tout
cela rappelle effectivement quelque chose de congolais. Mais ce n’est pas la
« congolité ». Le portrait du burkinabé ou plus généralement du
« nordiste » de CI rappelle de
façon frappante ce qu’on est accoutumé d’entendre au Congo, et singulièrement
au Katanga, à propos de la « diaspora kasaïenne » : elle a été
organisée très tôt par le colonisateur en fonction de ses besoins en main
d’œuvre et beaucoup de « non-originaires » n’ont jamais vu leur
région dite « d’origine » et n’en parlent même pas la langue. Même
leurs portraits moraux sont similaires : on les dit plus intelligents,
plus dynamiques et plus travailleurs que les « originaires »[5].
On se trouve donc là devant autre chose, devant la thématique du « non
originaire » qui n’est rien d’autre qu’une version africaine d’une
attitude largement répandue : la xénophobie envers le travailleur immigré,
« l’étranger qui vient manger le pain des nationaux ».

Il
semble donc bien que le seul emprunt que le Congo ait fait à la Côte d’Ivoire se situe au
niveau du vocabulaire, le mot « congolité », calqué sur
« ivoirité », ayant eu la
préférence sur d’autres possibles, comme par exemple « congolitude ». 

 

 

La double nationalité

 

 La « congolité » au premier sens du terme visait surtout UNE
personne. Ce n’est pas le cas de la
question des doubles nationalités. A en croire certains media congolais, ce
seraient 60% de la classe politique qui seraient cette fois visés ! De plus,
le scénario a fortement gagné en subtilité, par rapport au simplisme des faux
Congolais qui n’étaient pas des vrais Congolais vraiment du Congo.

Car il s’agit maintenant des
Congolais qui tout en étant de vrais Congolais du Congo, ne sont pas SEULEMENT
Congolais ! Ah ! Mais c’est là qu’il faut être subtil ! Vous
vous croyez tranquille parce que votre Maman était une beauté Luba, et votre
Papa un sculptural athlète Zande, et que vous êtes né à Lodja, à distance
prudente de toute frontière ? Paisible et tranquille, vous pensez
« Plus Congolais que moi, tu meurs !… » Ô tranquilité
factice ! Ô trompeuse quiétude ! Halte là, mon gaillard !
Qu’avez-vous fait durant vos années d’exil ? Epousé une Anglaise ?
(ou plusieurs ?). Ouvert un commerce à Jandrin-Jandrenouille (« A la Frite du Lualaba –
Spécialités exotiques ») ? Postulé un poste de balayeur à
Scheveningen ? Et tout ça n’aurait pas fait un peu virer la couleur de
votre carte d’identité ?

 

On vous le dit : ça, c’est du
spectacle. Tout cela grâce à un petit
bout de phrase de la constitution : « La nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être
détenue concurremment avec une autre nationalité
 ». Il n’y a pas de
raison de s’arrêter en si bon chemin. On peut déjà prévoir un nouvel épisode du
feuilleton « Congolité» encore plus spectaculaire et plus fort dans le
« jamais vu ». Parce qu’enfin, après le Congolais qui n’est peut-être
pas Congolais, puis le Congolais qui n’est pas seulement Congolais, on pourra
mettre en scène « le Congolais qui ne savait même pas qu’il était
Congolais ».

En effet, deux ou trois lignes
plus bas que le fameux article sur la « nationalité exclusive »,
figure l’un des alinéas les plus mal torchés de la Constitution, repris
d’ailleurs mot à mot de la
Constitution
de 67. Il stipule que sont Congolais les membres
de « tous les groupes ethniques dont les personnes et le territoire
constituaient ce qui est devenu le Congo (présentement la République Démocratique du Congo) à l’indépendance ».

C’est un de ces textes de lois mal
fichus dont on se demande ce qu’il veut dire exactement. Mais cela veut dire
aussi qu’il est susceptible d’interprétations multiples, dont l’une serait
« est Congolais tout personne
faisant partie d’un groupe ethnique qui a des membres au Congo
 ».

Il y a peut-être un endroit, dans
tout le Congo, où la frontière correspond à une séparation antérieure à la
colonisation, c’est le lac Tanganyika. Il n’y a pas de tribu établie « à
cheval » sur le lac, en partie au Congo, en partie en Tanzanie. Mais cela
ne fait que 700
kilomètres
sur des milliers qui, toutes, on été tracées
sans le moindre souci des groupes que l’on coupait en deux tronçons ou
davantage ! Tout au long de ces milliers de kilomètres, il y a des
milliers de gens qui pourraient soudain s’apercevoir qu’ils sont
Congolais ! C’est là qu’il y aurait du spectacle !

 

Ce qui est fort curieux, c’est que
les Congolais, qui comme tous les Africains sont fort prompts à accuser leurs
ex-colonisateurs de tous leurs maux, n’aient pas remarqué que leur législation,
sur ce point, péchait par la servilité avec laquelle elle a imité le droit
belge, lui aussi aberrant de ce point de vue par rapport à ce qui se fait dans
la majorité des nations du monde.

Perdre sa nationalité d’origine
lorsqu’on en pend une autre et ne pas pouvoir voter dès lors qu’on ne réside
pas sur le territoire national sont deux caractéristiques du droit belge que
les Congolais ont transcrites dans leurs propres textes. Et ceci, alors que sur
le point précis de la nationalité, les Belges eux-mêmes sont en train
d’assouplir leur position.

 

Or,
quelles que soient les bonnes intentions des juristes congolais et de leurs
conseillers étrangers, ils sont comme tout le monde : leurs habitudes de
pensée leur semblent aussi normales et naturelles que si c’étaient là des
évidences, au même titre que la pesanteur ou le fait que le soleil se lève à
l’Est. C’était dans les lois belges et françaises et dans quelques autres de
ces mêmes parages, c’était, par mimétisme, dans la Constitution
congolaise depuis 1967 et les Congolais ne voyaient pas la nécessité de le
changer. Il parut donc tout naturel de laisser ce malencontreux bout de texte
tel qu’il était, sans accorder le
moindre instant d’attention à toutes les
situations concrètes qui n’y correspondaient nullement.

Peut-être
croyez-vous que j’exagère à propos de ce mimétisme ? On a eu une preuve
éclatante dans le refus de faire voter la diaspora, à moins de faire le
dispendieux voyage de retour. Bien sûr, les Congolais se sont soupçonnés les
uns les autres d’avoir fait là un coup sournois à des fins électoralistes.
C’était tout simplement, encore une fois, la colonisation qui revenait au
galop. Les Belges sont parmi les rares peuples du monde qui ne votent que quand
ils sont chez eux et n’organisent rien dans les consulats ou les ambassades. Les
Congolais ont tout simplement suivi les « noko » !

 

Si
une Constitution a la fonction éminente de fixer les règles suivant lesquelles
fonctionne la démocratie, elle n’est malgré tout qu’un instrument. Elle doit
permettre la vie des gens et même la faciliter, et si elle ne fait pas cela,
elle est mauvaise et il faut la changer. Une constitution est un peu comme un
vêtement, qui doit abriter le corps, non le gêner. Si j’ai fait l’acquisition
d’un caleçon, mais que je constate qu’il me gratte, me pince l’entrecuisse ou
m’écrase atrocement les testicules, j’en fais un chiffon domestique et je
change de marque ! Une loi n’est pas essentiellement différente ! Si
elle gêne, il faut la changer.

Puis-je
ajouter qu’à propos de confort et de gêne, il faut les considérer dans la vie de tous les jours, et pas
uniquement en fonction de considérations électorales. On vote tous les cinq
ans. On doit vivre, manger, circuler tous les jours que Dieu fait ! En
outre, dans tous les pays du monde, il n’y aura jamais qu’une minorité de
citoyens qui feront activement de la politique, et il y en aura encore moins
qui seront, un jour ou l’autre, candidats à une élection. Mais tous devront
voyager, faire vivre leur famille, éduquer leurs enfants… Or, ce ne sont pas
les Ministres, ni les grands hommes d’affaires qui sont victimes de la
paperasserie ou des tracasseries d’aéroport. Monsieur Kabila ne se verrait
sûrement pas réclamer son passeport à Zaventem, et Monsieur Forrest pose sans
doute sans formalités excessives son jet privé à Lubumbashi. Les dindons de la
farce, ce sont les « Messieurs Toutlemonde » comme vous et moi,
c'est-à-dire la Belgique
et le Congo de tous les jours…

Car,
où est l’origine du « problème de la double nationalité » ?

Elle
est à chercher dans l’histoire chaotique et sanglante du Congo du dernier
demi-siècle. Ce n’est quand même pas la beauté du paysage qui a amené les
Congolais à contempler de leur fenêtre les terrils de Charleroi plutôt que les
Monts de Crystal ! Ce n’est pas la douceur du climat qui les a fixés à
Montréal plutôt qu’à Lisala ! C’est bien plutôt le fait que le Congo
signifiait pour certains la persécution politique ou ethnique, pour tous la
misère, les carrières bouchées, l’impossibilité de poursuivre des études
convenables ou de trouver une école pour ses enfants, l’insécurité généralisée des personnes et des
biens… Faut-il ajouter que, pendant ce temps-là, les Belges qui, dans l’autre
sens, vivaient au Congo ou s’y rendaient fréquemment n’étaient pas forcément
tous des « prédateurs esclavagistes néocolonialistes », des
trafiquants de matières premières ou des touristes sexuels… Et il faut bien
constater aussi que, même si d’autres pays du monde sont en cause, c’est entre la Belgique et le Congo que
ces situations sont les plus fréquentes.

 

Qu’on
le veuille ou non, les circonstances de la vie et de l’histoire ont fait qu’un
grand nombre de gens, Noirs, Blancs ou d’une nuance de peau intermédiaire, sont de fait des belgo-congolais.
Il y a toujours avantage à ce que
le droit et les réglements correspondent aussi étroitement  que possible à
la réalité.

La réalité, c'est que les Belges
et les Congolais se fréquentent beaucoup, vont beaucoup les uns chez les
autres, et le feraient même encore davantage si les formalités étaient plus
simples et les coûts moins élevés. Beaucoup d’entre nous sont en fait des
"belgo-congolais" ayant des amis, des affaires, des attaches, des
amours, et j'en passe… dans chacun des deux pays. Pourquoi ces gens
n'auraient-ils pas, de droit, la double nationalité qu'ils ont de fait ?

La « multinationalité »
ne devrait-elle pas être plus couramment admise, dans tous les pays ?
Est-ce que la Belgique et le Congo ne devraient pas
biffer de leurs constitutions respectives des articles obsolètes, vétilleux et
xénophobes ? Et la première chose à faire pour poser enfin un geste
concret de relations amicales, égales et respectueuses ne devrait pas être la
disparition pure et simple des contrôles paperassiers, tant pour les Congolais
arrivant en Belgique que pour les Belges arrivant au Congo. Les seuls qui y
perdraient seraient quelques douaniers racketteurs, amateurs de matabiches… Je
ne crois pas que ce soit là le genre d’opérateurs économiques dont il faille
exagérément tenir compte !

 

Inassimilables Rwandais

 

A l’exception du lac Tanganyika, presque
toutes les frontières du Congo coupent des peuples en deux. Les vicissitudes de
l’histoire ont aggravé la situation. On a vu récemment les incidents de Dongo
précipiter des réfugiés congolais en Centrafrique et au Congo-Brazzaville. Les
guerres d’Angola ont amené des Angolais à se réfugier chez des cousins
congolais, et ils leur ont rendu la pareille quand, l’insécurité se manifestant
de l’autre côté de la frontière, ce sont les Congolais qui ont parfois fui vers
l’Angola. Dès que les Africains ont perçu que les différents colonisateurs
n’avaient pas tous les mêmes exigences, il leur a paru utile de gagner l’autre
côté d’une frontière. Le caoutchouc léopoldien a ainsi chassé vers Brazzaville
des populations de l’Etat Indépendant du Congo, et les réquisitions de main d’œuvre des mines de Kilo-Moto en ont
fait fuir d’autres vers l’Ouganda[6].

Les liens ethniques
transfrontaliers, les traditions bantoues d’hospitalité et la pitié naturelle
devant la situation de réfugiés ont cumulé leurs effets pour que ces
déplacement, et leur conséquence : la présence au Congo de ressortissants
des pays voisins, se passent sans drames et même généralement bien. Il est par
exemple manifeste que les expulsions réciproques de Congolais par l’Angola et
d’Angolais par le Congo ont été des mesures commandées par des considérations
politiques au niveau des gouvernements, et que le sentiment populaire a été
d’incompréhension, voire de désapprobation. A plus d’un endroit, la vie
économique en a été perturbée, et même des familles séparées.

Tout cela contribue à brosser du
peuple congolais un tableau d’ailleurs sympathique de gens qui inclinent
naturellement à l’accueil et à l’hospitalité.

 

Il y a toutefois une notable
exception, en la défaveur des originaires du Rwanda. Comme c’est une exception, et plutôt que de
supposer une explication qui n’en est pas une, à savoir que les Congolais ont
fait une exception tut simplement parce qu’ils ont eu une lubie, il convient
tout de même de se demander si, par rapport aux autres
« non-originaires », les Rwandais présenteraient quelque
caractéristique exceptionnelle susceptible de l’expliquer.

 

Le Rwanda et le Burundi (alors
appelés « les T.O. » = Territoire ocupés, à la suite de la guerre
14-18) ont manifestement frappé les Belges par deux caractéristiques qui
contrastaient avec ce qu'ils connaissaient au Congo: la densité de la
population et les possibilités agricoles. Il ne faut pas fantasmer, le Rwanda
ou le Burundi ne sont pas le pays de Cocagne. D'où l'idée d'une complémentarité
avec le Congo qui souffrait à l'époque d'un manque de main d'œuvre et de
difficultés d'approvisionnement. Lesquelles étaient en fait – et cela n'a guère
changé‚ – des difficultés de transports soit d'une région ayant fait de bonnes
récoltes vers une autre où il y avait momentanément disette, soit plus
globalement des campagnes vers les villes en plein développement (Léopoldville
est alors en construction)[7]. "Une suggestion: le Congo manque de plus en
plus de main d'œuvre et les T.O. en regorgent. Ne pourrait-on prélever ici un
contingent de travailleurs pour les grands centres industriels
?", écrit
alors le journaliste CHALUX, (« Un an au Congo », page 522).

 

Les tentatives en ce sens, malgré
le bel enthousiasme des débuts, furent limitées et très modestes. Un manuel
explique : "Entre 1930 et 1940, les Autorités
organisèrent une colonisation rurale dans le Nord Kivu du Congo belge au profit
de 25.000 migrants rwandais. Mais cette forme d'émigration ne fut pas
poursuivie et ce fut la migration de travailleurs salariés vers le Katanga,
l'Uganda et le Tanganyika qui l'emporta, mais sans s'amplifier après le maximum
de 1930 (1930: 30.000 salariés – 1950 : 20.000 – 1962 : 21.000). Elle est
encore plus réduite aujourd'hui."[8]

C’est tout de même étrange, si
l’on considère que cette abondance de population suscita l’enthousiasme dès le
départ, et motiva les pressions que la Belgique fit pour obtenir le mandat de tutelle de
la SDN sur ces
deux territoires. Pourquoi aurait-on abandonné un projet apparemment prometteur
en faveur duquel on avait fait des efforts continus pendant plusieurs
années ? Encore une lubie, mais cette fois des Belges ?

En ce qui concerne la faiblesse
relative de l’émigration vers les régions minières, c’est en grande partie la
conséquence d’un fait biologique non-prévu : l’incapacité de beaucoup de
Rwandais et Burundais à s’acclimater au Congo et leur sensibilité à des
maladies inconnues chez eux.

Ces problèmes ne se posaient pas
dans le Nord-Kivu qui présente avec le Rwanda une continuité de paysage,
d’altitude et de végétation. Néanmoins, la première tentative d’y faire venir
des paysans rwandais resta sans lendemain. Cela fut la conséquence de rapports
négatifs des fonctionnaires coloniaux belges chargés d’encadrer l’expérience.
Ils constatèrent en effet que loin de se considérer comme des hôtes accueillis
sur la terre d’autrui et devant, de ce fait, quelque reconnaissance, les
déplacés considéraient au contraire que leur installation constituait une sorte
de conquête pour leur pays et pour « leur
mwami Musinga
 ». On se heurtait en fait à un refus pur et simple de
toute assimilation au « pays d’accueil ». Il convient de souligner
encore une fois que ce sont là des constations qui datent des années ’30 et
sont donc de ce fait complètement indépendantes de tous développements
ultérieurs, y compris le débat sur la « congolité ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] On a commencé par attribuer au fils adoptif de
L.D.Kabila un père rwandais, camarade de maquis de Mzee, et une mère congolaise
de ce même maquis. Pui on s’est aperçu que la mère suffisait pour faire de
l’enfant un membre de la plupart des ethnies qui vivent dans la région de
Baraka-Fizi. Par application de l’art 67
de la Constitution,
il était dès lors Congolais comme les membres de « 
tous les groupes ethniques dont les
personnes et le territoire constituaient ce qui est devenu le Congo
(présentement la
République Démocratique
 du Congo) à l’indépendance 
». On s’est donc arrêté
finalement à un Rwandais « pur jus ».

[2] Il n’y a pas eu que sa généalogie incertaine.
On a invoqué aussi le fait qu’il était militaire et aurait démissionné trop
tardivement.

[3] Inexacte en fait. Le concept d'ivoirité
est apparu en 1945 à Dakar, avec des étudiants ivoiriens. Il réapparait avec le
président Henri Konan Bédié en 1993. Il en fait un usage plutôt libéral,
nationaliste. Mais, repris par ses adversaires politiques, ce concept est
bientôt imprégné d'idées nationalistes et xénophobes. Des campagnes de presse
ont ainsi imposé ce concept, qui conduit notamment à l'élimination du candidat
du nord de la Côte
d'Ivoire, Alassane Ouattara. Ce rejet de Ouattara est facilité par le contexte
de "méfiance identitaire". Le 19 septembre 2002, des soldats rebelles
venus du Burkina Faso tentent de prendre le contrôle des villes d'Abidjan, Bouaké
et Korhogo. Seule cette dernière explosion, manifestation, il est vrai, la plus
violente de l’ivoirité, offre un certain caractère de concordance avec des
événements congolais, notamment avec l’émergence du thème de la
« congolité » dans la «  pré-campagne » électorale à la
même époque.

[4] Il est quasiment
impossible à Abidjan, la capitale économique, de retrouver des familles
entièrement d'une ethnie ou d'une religion.

[5] Comme le faisait marquer un
« kasaïen », on s’empresse de remarquer qu’un kasaien est premier de
sa classe, mais l’on ne mentionne pas le fait que le denier est de la même
ethnie. On pourrait relever aussi que l’on envie leurs succès en affaires u en
politique, mais que l’on mentionne peu le fait que la pesse congolaise est
majoritairement écrite par des kasaiens, alors que cela leur donne une
possibilité d’influencer l’opinion publique. Masi, au Congo, journaliste est un
métier de crève-la-faim et cela ne suscite donc l’envie de personne !

[6] 27
mai 19
27 dans La Mukanda Congolaise,
article intitulé Coloniser«… Sait-on à Bruxelles que
l’Ituri se dépleupe d’une façon rapide ? C’est par milliers que les indigènes
des régions frontières s’expatrient chez lez Anglais[6]…ces populations se sauvent
pour ne pas être sollicitées volontairement, avec le fouet au derrière et
souvent la corde au cou, à aller travailler aux mines de Kilo-Moto…Sait on à
Bruxelles que les agents territoriaux ont pour unique besogne la mission de
forcer les chefs indigènes à faire travailler leurs administrés à des cultures
vivrières pour les besoins des mines ? Toutefois le gouvernement a pris des
mesures sévères pour empêcher ces émigrations en masse, il a établi aux
frontières des forces militaires imposantes…Ce sont des mesures efficaces pour
empêcher le dépeuplement de la colonie et garder des esclaves en suffisance
pour les mines de Kilo-Moto… »

 

[7] La situation était néanmoins
grave: il fallut légiférer en 1923 (ordonnance 47 du 12 août) pour obliger les
employeurs à fournir une ration de 3.500 calories par jour et, en 1926, le
rapport Lauwers au Congrès colonial constatait l'état de sous-alimentation de
la plupart des Congolais.

[8] SIRVEN, GOTTANEGRE &
PRIOUL : « Géographie du Rwanda »,
page 57.

 

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